Une brasse, deux brasses, trois brasses…

Je vois le rivage au loin, éclairé par la faible lueur de la lune.

Je suis épuisée, il fait si noir tout autour.

J’ignore si je réussirai et pourtant, il le faut.

Il y a tellement de choses qui en dépendent. N’abandonne pas, tu es si près de réussir !

 

Encore une brasse, deux brasses, trois brasses…

Encore un effort, encore un peu plus loin.

J’entends des voix, des rires. Je tends la main, pas de retour, pas de réponse.

Toujours personne, je continue seule. Il fait si noir tout autour, mais la Lune est si belle !

La nature, si vivante, m’ensorcelle, m’initie…

Je ressens tout maintenant.

Chaque battement d’ailes, chaque vibration. Autant de douceur que de douleur sont captées.

Je sombre tranquillement dans une tendre folie, une extravagance qui deviendra mienne, car je l’ai acceptée.

 

Une brasse, deux brasses, trois brasses.

Ne pas abandonner, ne jamais arrêter.

Je me rapproche du rivage… Je ne sais toujours pas si je vais l’atteindre.

Un obstacle ! On m’agrippe, me tire vers le fond, je m’enfonce, je m’étouffe !

Je veux abandonner, mais j’en suis incapable !

Je me débats et remonte à la surface.

 

Encore une brasse, deux brasses, trois brasses…

Pourquoi continues-tu ?

Je ne sais pas.

N’es-tu pas épuisé ? Effrayée ?

Si, mais l’idée d’abandonner me paraît encore plus effrayante, alors je continue.

Mais, prends donc une pause ! Le rivage est si loin !

 

Encore une brasse, deux brasses, trois brasses.

Le clafoutis de l’eau est ma musique, le vent, mon berceau.

Le rivage paraît ne jamais vouloir se rapprocher, il se rit de moi !

Pourtant, je continue, persévérante, la tête à peine hors de l’eau.

Plus que quelques brasses, quelques vagues…

La Lune illumine mon parcours et j’y vois le lointain rivage, mon éden, mon utopie.

Je dois la suivre pour ne pas perdre mon chemin, elle est la clé de ma porte de sortie.

Ne te décourage pas, enfant des fées, la fin de ton sortilège s’achève .

 

Patience…

Encore une brasse, deux brasses, trois brasses…