« Entre

Ce que je pense

Ce que je veux dire

Ce que je crois dire

Ce que je dis

Ce que vous avez envie d’entendre

Ce que vous croyez entendre

Ce que vous entendez

Ce que vous avez envie de comprendre

Ce que vous croyez comprendre

Ce que vous comprenez

Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.

Mais essayons quand même… »

Citation d’Edmond Wells (personnage fictif de l’écrivain Bernard Werber)

Vous connaissez cette citation ? À elle seule, elle résume très bien tout ce qui peut arriver lorsque les mots, les expressions ne sont pas interprétées comme elles le devraient. La faute à qui ? Immédiatement, on semble se tourner vers la personne qui tente d’exprimer son message en se disant que si je ne comprends pas clairement ce qu’elle me dit, c’est qu’elle ne sait pas communiquer. Effectivement, quelquefois ça peut se révéler vrai… Cependant, plus souvent qu’autrement, l’interprétation que l’on en fera pourra être lourde de conséquence.

Aujourd’hui, il faut faire attention à tout ! Tout ce qu’on dit et de la façon dont on le dit. Comment notre corps, notre gestuel, nos expressions reflètent ou projettent lorsque l’on parle. On doit même faire attention à comment on est habillé ! Pour notre interlocuteur ou les personnes autour de nous, rien n’est laissé au hasard et tous les mots que l’on utilise ainsi que nos faits et gestes peuvent avoir de l’importance ! Ils peuvent être pris à contre-sens, faire sourire, pleurer, donner de l’espoir, blesser profondément, détruire…. Ils peuvent avoir bien des sens ou pas du tout ! Tout dépend du point de vue de votre interlocuteur et de son degré d’interprétation.

C’est souvent à l’adolescence que l’on développe une grande partie de notre personnalité. Même si on sait très bien que celle-ci avait déjà pointé le bout de son nez dans votre enfance, le passage au secondaire vous donne souvent la possibilité de vous affirmer davantage, car votre cercle d’amis a souvent tendance à s’agrandir ou à changer.

Pour ma part, j’ai toujours eu un caractère difficile. Hypersensible dès mon plus jeune âge, faire ma place a toujours été plus précaire, étant toujours à fleur de peau et réagissant au quart de tour. Je pleurais beaucoup à la moindre contradiction, prendre une décision était une montagne insurmontable, épouvantablement indécise ! Très introvertie, dans ma bulle tout le temps, utilisant des mots un peu trop savants pour une personne de mon âge, j’étais fréquemment la cible de mesquineries ou de mauvaises plaisanteries dues au fait que j’étais bizarre. Je lisais beaucoup, par conséquent, j’apprenais des tonnes de choses et j’aimais les communiquer aux autres… Mais, je me suis vite rendu compte que ce n’est pas parce que moi, je voulais en parler que les autres avaient envie d’en entendre parler ! Me protéger est donc vite devenu une réponse à un instinct de survie ! J’ai rapidement appris le langage ‘’commun’’, fais du sport, j’ai construit des murailles autour de moi et ma différence à commencer à trouver une place tranquillement dans la société et surtout à se faire accepter. Aujourd’hui, ce sont ces particularités qui font de moi la personne que je suis devenue, une personne unique.

Qu’est-ce qui a changé ? Ou plutôt, qu’est-ce qui m’a aidé à y parvenir ? Avant tout, l’acceptation de mon hypersensibilité, qui est devenue une force, plutôt qu’un handicap et les arts, bien sûr ! Disons-le, j’aurais pu faire n’importe quoi ! J’étais douée à l’école et tout m’intéressait ! Mais, je détestais les longues heures d’études. Néanmoins, entre le métier de journaliste, la recherche en milieu médicale, c’est le métier de graphiste qui l’a remporté ! Pourquoi ? Parce que je me suis rendu compte que je ne pouvais pas vivre sans créer. Et, depuis, le monde des arts m’a grandement apporté. Il m’a appris à voir le monde dans toute sa magnificence, à développer ma propre marginalité et surtout à l’accepter. À créer des choses dont je peux être fière, notamment à me sentir bien et moi-même au quotidien. J’ai trouvé ma place parmi ces êtres catalogués comme étant marginaux par la société, mais qui m’apparaissent comme étant totalement normaux à moi !

La jeune fille qui devait constamment faire attention à ce qu’elle dise a appris à communiquer. J’ai glissé vers une personnalité plus extravertie, je ne fais pas dans le double sens. Je dis ce qui est. Quelquefois brutalement, car un peu trop honnête, j’avoue ! Mais, le plus possible avec tact et modération (à exception près ! ), parce que j’ai appris ô combien ça peut faire mal !

On m’a récemment dit : ‘’tu ne peux pas te conformer à des règles strictes, entrer dans un encadrement restreint et t’y tenir ? À ceci, je répondrai, oui, comme tout le monde… Mais, ce serait me faire violence, et puis, ce ne serait pas moi ! Plus tu mets des restrictions autour d’une personne, moins elle peut donner libre cours à sa créativité. C’est comme mettre un animal en cage, ou couper les ailes d’un oiseau. Imposer des limitations à une personne et la confiner dans un encadrement de plus en plus restreint peut provoquer deux choses à mon avis ; soit une certaine soumission avec une perte d’intérêt et de motivation ou une révolte avec tout ce que ça peut impliquer. Avoir une personnalité différente, c’est ne pas toujours cadrer dans tous les moules, c’est voir au-delà du moule ! Penser, créer, innover !

Conclusion, ou la morale de cet article ? Ben, le secondaire, n’est pas la fin de notre vie. On passe à autre chose après et on devient beaucoup plus. On ne peut pas plaire à tout le monde dans la vie. On ne peut pas toujours dire ce que les personnes voudraient qu’on dise et même si on le fait, il se pourrait que ce soit interprété différemment de ce qu’on voudrait vraiment qu’ils comprennent. Quoi qu’il en soit, l’important, c’est de rester soi-même, et d’être en accord avec ce que vous dites ou diffuser comme message, mais surtout d’être prêt à en assumer les conséquences quoi qu’il arrive…

« Rare est le nombre de ceux qui regardent avec leurs propres yeux et qui éprouvent avec leur propre sensibilité. » — Albert Einstein

« Sème un acte, tu récolteras une habitude ; sème une habitude, tu récolteras un caractère ; sème un caractère, tu récolteras une destinée.» — Tenzin Gyatso